Il y a maintenant deux semaines, le Journal Télévisé de France 2 diffusait un dossier consacré au cirque Bouglione. Le cirque. Les clowns. Les trapézistes. Les clowns. Les dresseurs de fauves. Les clowns. Mr Loyal. CES PUTAIN DE CLOWNS !
Je hais les clowns. Je hais le cirque.
Un espace restreint dans lequel s'agglutine une foule moite, odorante et bruyante car pour la plus part composée d'enfants... autour d'une arène dans laquelle s'affrontent des hommes avec un sourire peint dans le registre du pathétique... Le Seigneur Vétérini a tout mon soutient pour l'éradication des mimes, qui méritent bien pire que la fosse aux scorpions, mais l'autorisation faite aux clowns de pouvoir respirer le même air qu'un être humain normal (par normal j'entends ceux qui ne rient pas à une fleur qui jette de l'eau) est quelque chose qui me dépasse.
Un clown c'est quoi ? Un clown c'est, selon les rumeurs, un être humain qui a décidé de faire rire les enfants par le biais d'un maquillage grotesque, de vêtements grotesques et de sketchs ridicules. Pas de quoi fouetter un ewok jusqu'à présent. Et pourtant... ce faux sourire... ce sourire qui est là en toute circonstance... cet horrible sourire blanc et rouge qui te donnes un indice sur la nature des actions de celui qui le porte : c'est humoristique. C'est joyeux. Riez les enfants. Voyez comme je rie quand mon camarade se fracasse l'anus parce que je lui ai retiré sa chaise. Riez quand je choisis l'un d'entre vous pour être savonné par un chapeau à fleur. Oui maintenant vous pouvez rire car vous savez que vous ne serez pas choisi. Riez car vous voyez quelqu'un se faire torturer alors qu'il n'a rien à avouer.
Regardez ces animaux, ces grands fauves, incarnation de la violence et de la liberté dans leur état naturel, regardez les baisser la tête face à un homme qui porte encore la moustache comme on la portait au XVIIème siècle. Regardez ces animaux, des machines à tuer, sauter sur des tabourets parce qu'un homme qui porte encore une veste à épaulettes à lanières le leur a ordonné. Regardez ces animaux, majestueuses créatures de la jungle, courber l'échine devant le fouet. Un ventre qui touche le sol, presque pas de muscles, voici ce que sont devenus les terreurs de la savane, un tas de graisse ambulant, obéissant à des ordres donnés en allemand. Le roi de la nature est devenu un roquet. Toute la misère du monde peut se lire dans leur regard désabusé, et pourtant cet homme à l'affreuse moustache, cet homme à l'affreuse veste, cet homme à l'affreux fouet vous jurera que ces bêtes sont heureuses.
Regardez ces femmes, regardez ces hommes, tordre leur corps dans mille positions pour satisfaire le bedonnant. Recherchant une esthétique de l'horreur, le but de ces monstres est atteint lorsqu'ils voient les regards détournés du public, dégoûté de voir que ces "choses" soient des êtres vivants. Ils tordent leurs jambes, ils les enroulent, ils roulent ils... ils sont laids hideux et répugnants ces sacs d'os.
Et l'on regarde. Certains trouvent que les fauves dressés sont beaux, que les contorsionnistes sont talentueux. Mais pas les clowns. Non, personne n'aime les clowns. Comme la corrida, comme la chasse, ils participent d'une certaine idée de la tradition. Tout le monde trouve ça à la fois normal et dégueulasse.
Mais qu'ils y aillent à Nimes, à Arles ou même à Madrid. Enfin le public pourra acclamer ses héros sans remords, enfin l'esthétique de la mise à mort sera justifiée.
Qu'ils aillent dans les marais, dans les bois pour que les buveurs de bières en 4x4 puissent laisser libre court à leur instinct de mort sans regrets. QU'ILS CREVENT !